28 février 2010

Parole de coquillage


Au début c’était juste pratique. Je sortais ma coquille quand j’en avais besoin. C’était surtout en ville pour ne pas respirer l'odeur des pots d’échappement. Ou pour protéger les mèches que Mélanie, ma coiffeuse, s’acharnait à me lisser. Je vais même vous dire, quand j’allais au parc avec mon fiancé, je sortais ma coquille et, dedans, on s’embrassait.

Je ne me rappelle plus exactement à quelle époque les choses ont commencé à changer. Notez que ce n’est pas donné à tout le monde d’avoir une coquille. Je le savais et, comment vous dire, j'en ai abusé. Pour ne pas dire bonjour les jours moroses. Dans certains dîners qui n'en finissaient plus, où je rêvais que l'on m'oublie. Dans les situations embarrassantes au moment où mes joues allaient virer au cramoisi. Et puis par lâcheté, mais là excusez-moi, je ne peux pas en parler.



Coquille de poche : Veasyble via Miss Rosenthal / Photographie de Dora Maar /
Et aussi une photographie de Lissy Elle via Eleonore Bridge / Et un petit saut chez Deyrolle si jamais vous vouliez commencer une collection de coquillages ?

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